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Ouest-France le 24 juillet 2015 Anna Pencoat

 Pont l’Abbé

Anna Pencoat, le roman de Catherine Ganz-Muller
C’est l’histoire d’un joli tempérament de fille qui vit dans une ferme bigoudène dans les années 1920. Son destin croise celui d’une institutrice, d’une citadine passionnée de mode et d’une ouvrière d’usine.
Catherine Ganz-Muller, auteur de livres jeunesse, est aussi connue à Pont l’Abbé où elle a exercé en tant que bibliothécaire. Elle signe aux éditions de Borée un premier roman, Anna Pencoat. Le nom de l’héroïne n’est pas choisi au hasard. Il signifie « tête de bois » et très vite le lecteur comprend qu’Anna ne manque pas de caractère.
        Il lui en faut pour refuser le mariage avec un jeune paysan rustre et violent. La mère d’Anna, qui a perdu son mari et ses deux fils dans les tranchées, voit dans ce futur gendre des bras qui vont l’aider aux travaux de sa petite ferme de Saint-Julien. La jeune fille comprend que pour sortir de sa condition il lui faut reprendre ses études, obtenir le certificat d’études, sésame de liberté, d’autonomie. Elle croise la route de plusieurs femmes. Rose, jeune institutrice nommée à l’école publique, animée de justice sociale, qui va prendre Anna sous son aile en lui donnant des cours du soir. D’autres femmes de caractère donnent corps à ce roman. Constance, illustratrice passionnée de mode, affiche une émancipation et une liberté hors des normes bigoudènes où règnent le qu’en dira-t-on, la fierté, le cloisonnement des classes sociales. Blanche, sa tante, épouse d’un marin pêcheur alcoolique, vit au Guilvinec, travaille dans une conserverie et mène les luttes des sardinières.

Malheurs et espoirs

Le roman balance entre les malheurs et les espoirs. Les malheurs ont le visage de la guerre qui a pris les maris, les fils, les fiancés, les pères. D’une vie rude, laborieuse. Des drames de l’amour. De l’alcool destructeur. Les espoirs prennent le visage de ces femmes instruites, libres, révoltées, conscientisées, avides de vivre. De ces femmes qui dont fi des ragots et qui savent que l’éducation et l’instruction sont les clés d’une vie meilleure.
Avec Anna Pencoat, le lecteur se familiarise au parler bigouden. Il traverse ce pays du début du XXème siècle, emprunte le train Birinik, vit les luttes entre l’école catholique et l’école publique, découvre l’ambiance des marchés, fait connaissance avec les commerçants, les brodeurs, les marins, les célébrités comme le comte de Narjac, ce maire qui circulait à dos de chameau, ou le philanthrope Jacques de Thézac, ou encore le peintre Lucien Simon. Catherine Ganz-Muller ne glorifie pas les hommes, elle pointe leurs travers et leurs faiblesses…Elle livre surtout de beaux portraits de femmes, des pionnières qui prennent leur destin en main.

Noëlle Cousinié.